Money money money ♪ [Jun Isono - Soft - En cours]

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On en parlait partout dans la ville depuis plusieurs semaines déjà, le soleil lui-même se plaisait à le rappeler : c’était l’été. Or qui dit été à Kensei dit fête et qui dit fête dit foule et qui dit foule dit clients et qui dit clients dit argent ! Ça, c’était globalement le schéma que s’imaginait Zhexin depuis plusieurs jours. Il avait pris bien soin de s’approvisionner histoire de ne pas être à cours de beuh avant la fin de la semaine. Les festivités commençaient ce soir même et le jeune chinois était on ne peut plus occuper à préparer ses petits paquets mesurant chaque part au gramme prêt.

Tout en faisant cela il réfléchissait aux difficultés qu’il pourrait rencontrer. Il y avait bien la police qui serait absolument partout, ça il n’en doutait pas. Un tel évènement serait sans doute le théâtre de nombreuses bagarres en tous genres. Mais la police, bien qu’elle l’inquiète un peu, n’était pas le plus gros de ses tracas. Non, il avait plutôt peur des Kuragari. D’autant que là il ne pourrait pas se permettre de ne pas mettre son foulard, il savait que sinon cela lui serait fortement reproché.

Un sonnerie retentit et le fit sursauter. C’était son portable, pour la énième fois. On l’appelait pour lui demander s’il avait de la came. Question idiote. Il raccrocha, mit son portable en silencieux et enfila sa veste d’été. C’était l’heure. Il fourra dans ses poches les petits sachets de plastiques déjà tout préparé, pris un peu d’argent pour rendre la monnaie, son portable et, après réflexion, un couteau, son couteau. Il l’avait acheté quelques mois plus tôt quand il avait constaté le retour rapide des Kuragari à Kensei mais ne s’en était jusque là jamais servi. C’était un joli couteau, dont la lame rétractable était pointue. Il appuya sur un petit cran et l’acier jaillit en une fraction de seconde. Il rangea finalement l’arme dans sa manche, cachée mais prête à l’emploi.

Le chinois était loin d’avoir un caractère belliqueux c’est pourquoi il n’espérait pas se servir de son couteau mais il tenait à sa vie plus qu’à tout autre chose et se sentait plus en sécurité avec. Avant de sortir il attrapa son foulard rouge, il avait failli l’oublier… Tout en descendant les escaliers pour sortir de sa résidence, il accrocha le bandeau à sa ceinture. Voyant, mais pas trop.

Lorsqu’il arriva sur les lieux il y avait déjà beaucoup de monde et c’est sans difficulté qu’il se mêla à la foule. Zhexin regardait autour de lui à la recherche de plusieurs choses. Il recherchait à la fois des clients, des groupes de jeunes, ce genre de personne qui sont susceptibles de d’accepter ses services. Mais ce qu’il recherchait le plus c’était les membres de son gang, les Hide, car il se sentait seul parmi la foule et c’était peu rassurant. Il aperçu un premier groupe d’entre eux mais ne reconnu personne et décida donc de passer son chemin. Quelques mètres plus loin il y en avait d’autres dont le visage était plus familier. Il s’incrusta.

Évidemment ça parlait Kuragari. Le chinois ne dit rien et préféra écouter les nouvelles. Soudain il sentit une main se poser sur son épaule. Il se retourna immédiatement, surpris. C’était un jeune homme qui lui demandait s’il avait un gramme ou deux à vendre. L’échange se fit discrètement et Zhexin en profita pour s’éclipser du groupe dont la conversation commençait à devenir ennuyante. Cependant il resta tout de même dans les parages, au cas où… Alors qu’il se retournait pour changer de direction il heurta quelqu’un accidentellement…

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Money money money ♪ [Jun Isono - Soft - En cours] Kikyo_14

Les ténèbres emplissaient la chambre de Jun dépourvue de fenêtres. Seule la petite lampe de bureau éclairait de sa lumière blafarde les feuilles de papier étalées sur le meuble en bois. C'était amplement suffisant pour la jeune femme qui y voyait parfaitement clair. Elle avait travaillé toute la nuit sur un problème de mathématique partiellement résolu. "Peut-on colorier en quatre couleurs n'importe quelle carte planaire ou sphérique ?" la démonstration de la solution était incomplète. Mais Jun n'était certainement pas prête à essayer de résoudre ce genre de problème.

Elle soupira d'un air résigné avant d'étirer ses bras devant elle. Dans cette position ses doigts effleuraient le mur gris qui avait dû être d'un blanc immaculé autrefois. Balayant cette réflexion inutile de son esprit, elle se rendit compte à quel point elle avait faim. Et puis, sortir de sa chambre devrait lui faire du bien. Se relevant brusquement, elle regretta bien vite son initiative et posa une main sur son front. Elle ne se sentait pas très bien, ayant fait trois nuits blanches de suite elle avait particulièrement mal au crâne. Jun avait appelé son patron la veille pour le prévenir de son absence. Cela avait clairement déplu au vieux crouton qui l'employait mais elle s'en contre fichait. C'était la première fois qu'elle s'absentait alors ce n'était pas bien grave. Enfin, la jeune femme avait bien besoin de bon bol d'air frais et n'avais certainement pas envie de penser à son travail qu'elle n'aimait pas particulièrement.

Sans prendre la peine de se changer elle ramassa son sac qui trainait sur le sol, mit sa veste et se décida à sortir. Elle savait exactement où elle voulait aller. Il y avait ce petit traiteur vraiment bon dont elle aimait les boîtes-repas et qui n'était pas trop cher. Jun s'y rendait plusieurs fois par semaine et étais donc une habituée, elle n'avait jamais aimé cuisiner quoi que ce soit.

L'été était bel et bien là et elle se rendit vite compte à quel point sa veste était superflue. Elle mourrait littéralement de chaud mais ignorait le fait, c'était encore supportable. Certaine personne la regardait bizarrement pour ensuite détourner les yeux, elle devait vraiment paraitre étrange. Avec sa grosse veste en plein été, de gros cernes violets sous des yeux limite vitreux, ses cheveux en bataille et son teint blafard. Jun ne s'en rendait même pas compte, morte de fatigue et l'esprit totalement ailleurs elle marchait droit devant elle sans se poser de questions.

Elle poussa la porte du traiteur et fût accueillie par l'habituel "Bienvenue !" de la femme assez âgée qui se tenait derrière le comptoir.

"Le menu du jour comme à votre habitude, mademoiselle ?"
"Hmm, oui je vous remercie."

L'air pensif, elle sortait son portefeuille de son sac en regardant une affiche accrochée sur le panneau sur lequel était regroupé toutes sortes de publicités et de renseignements concernants la ville. Comme à chaque été, une fête avec des feux d'artifices était organisée. Elle l'avait oublié cette fois-ci, elle n'y était d'ailleurs jamais allée. Ce n'était pas son truc, ce genre d'évènements. Mais elle était tout de même curieuse et demanda en toute innocence, sans se soucier d'être indiscrète;

"Vous êtes déjà allée voir les feux d'artifices, vous ?"

La dame se retourna, la boîte-repas dans un sac plastique et une expression joviale sur le visage.

"C'est nous qui vous remercions pour votre fidélité. Oui, j'y vais tous les ans avec mon mari. Cette année, je ne vais certainement me priver de ce magnifique spectacle. Vous devriez y aller, mademoiselle. Mais faites tout de même attention, il y a des rumeurs qui disent que ce ne serait pas totalement sûr. Avec ses histoires de gangs ou je ne sais trop quoi..."

Elle s'interrompit en voyant le petit foulard enroulé autour de la lanière du sac de la jeune femme et lui donna la boîte-repas en souriant poliment. Jun n'y prêta aucune attention, saisit le sac en plastique et paya la vieille dame en murmurant un petit "au revoir et merci" avant de s'en aller.

La fête... Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée ? Elle se dirigea alors vers le quartier Sud où avait lieu les festivités. En arrivant sur les lieux, elle regretta presque directement cette initiative. Il y avait foule, des gens se bousculaient un peu partout, un tas d'odeur différentes se mélangeaient et celle de la sueur primait avant toutes les autres. Jun s'immobilisa un instant en observant, elle se sentait déjà nauséeuse. Elle était vraiment trop crevée pour essayer de s'amuser parmi tous ces gens.

Brutalement, quelqu'un la bouscula. Elle n'avait pas fait attention et s'était laissée plonger dans ses pensées pourtant assez troubles.
"Excusez-moi..."
On pouvait entendre au son de sa voix qu'elle était ailleurs. Le portable de l'inconnu était tombé alors qu'il l'avait heurtée. Jun le ramassa distraitement pour le rendre à son propriétaire et se rendit compte avec horreur que l'écran avait éclaté dans la chute et se confondit en excuses.

"Je.. Je suis suis vraiment désolée ! Je vous rembourserai... Vraiment... Excusez-moi !"

Elle inclina légèrement la tête avec un air sincèrement embêté et commença à chercher son portefeuille dans son sac pour pouvoir le dédommager. Jun se stoppa dans son mouvement en apercevant le foulard à la ceinture de l'inconnu et releva lentement la tête pour le dévisager. Elle se souvenait l'avoir déjà aperçu, bien sûr qu'elle le connaissait de vue... Enfin, la jeune femme n'avait pas envie de s'éterniser là. Elle était quelqu'un de solidaire mais n'avait vraiment pas envie de commencer une interminable conversation ayant pour principal sujet ces chers Kuragari. Jun attendait qu'il dise quelque chose, elle ne savait même pas si il était en colère. Décidément, elle aurait mieux fait de rester chez elle.

CODAGE © CÉLESTINE

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Le choc fut assez brutal, si bien que la main du chinois s’ouvrit accidentellement, laissant tomber à terre le portable contenant tous les numéros de ses clients réguliers. Le jeune homme ne comprit pas tout de suite ce qu’il se passait. Il y avait tant de monde et la chaleur était telle que ce n’était pas simple d’avoir l’esprit vif. Lorsqu’il se remit de ses émotions il vit une jeune fille ou quelque chose qui y ressemblait. Elle avait le visage blême et ses cheveux de jais étaient tout ébouriffés. Sa figure blafarde laissait apparaître très nettement des énormes cernes sous ses yeux. Bref, un zombie.

Avec le bruit qu’il y avait tout autour Zhexin peinait à distinguer ce qu’elle essayait de lui dire. Il ne commença à comprendre que lorsque son regard se dirigea vers les mains de la nippone qui lui tendait les restes de ce qui avait été son portable. C’était la merde, et pas réparable en plus… Il lança un regard plus que noir à la pauvre jeune femme qui n’en finissait pas avec ses excuses. Il vit qu’elle commençait à chercher dans son sac. Tsss pas la peine, t’as gâché ma soirée, connasse… Il considéra son interlocutrice de haut en bas, cherchant quelque chose à lui faire.

Son regard lançant toujours des éclairs, il reprit d’un geste vif son portable des mains de la fille et comme un enfant en colère l’aurait fait, il donna un grand coup de pied dans le sac plastique qui contenait, il en était sûr, son repas du soir. Le sac fut projeté plusieurs mètres plus loin, étalant sur sa course le dîner de la demoiselle. C’était mesquin et idiot mais cela arracha un sourire en coin au chinois qui se délectait de cette scène. Ce n’est que maintenant qu’il aperçut un détail qui lui fit presque regretter son geste.

C’était une Hide… Il venait de s’en rendre compte mais elle portait un foulard rouge autour du sac… Cependant il ne l’avait encore jamais vu parmi les gens de son clan. Bon, il fallait dire qu’il n’était pas vraiment présent aux réunions et autres évènements où il aurait pu avoir l’occasion de l’apercevoir… N’empêche que ça faisait un moment qu’il faisait parti du groupe. Serait-ce une nouvelle recrue ? Soudain une idée lui vint à l’esprit. Et si c’était une infiltrée ? Kuragari, Kazuki ou bien encore policier, dans tous les cas il n’aimait pas cette idée. Cependant vu son faciès ce n’était sans doute pas une Kura… Encore que… Il fronça les sourcils, ses yeux rivés sur le fameux foulard rouge qui était à l’origine de toutes ses interrogations. Comment réagir ? Faisons comme d’habitude : semblant.

« Oh ! Désolé, dit-il en s’inclinant, je n’avais pas vu foulard »

Ajoutons l’accent étranger pour paraître plus pitoyable et donc pardonnable.

« Je ne pense pas vous avoir déjà vu auparavant, depuis combien de temps êtes vous avec nous ? »

Il posa sa question sur un ton tout à fait hypocrite et d’ailleurs, en disant « nous » il pensait eux tant il ne se considérait même pas lui-même Hide. Alors qu’il laissait la jeune fille lui répondre, un éclat de voix derrière lui le fit se retourner. Bien que cela semblait venir de seulement une vingtaine de mètre d’eux, avec la foule et sa taille moyenne, Zhexin ne voyait pas ce qu’il se passait. Il tenta de se mettre sur la pointe des pieds, mais rien n’y faisait, il y avait trop de monde. Il n’arrivait même pas à savoir si c’était une dispute entre deux ivrognes ou bien une réelle bagarre. Sans s’en rendre compte il se mordit les joues de l’intérieur. Avec un potentiel témoin de son clan, il lui serait difficile de s’éclipser en douce sans qu’on lui reproche sa lâcheté plus tard…